COP Chimie, une stratégie de précurseur gagnante !
La PME de la Drôme est devenue une référence dans la synthèse, la formulation et la production de polymères biosourcés pour l’orthopédie. Elle s’attaque désormais à de plus vastes marchés. En effet, COP Chimie systématise ses approches de substitution de matériaux nocifs pour l’homme et l’environnement. Une stratégie de précurseur gagnante !
Une histoire familiale
L’évolution de Cop Chimie est inséparable d’une histoire familiale et des convictions de ses dirigeants. « Mon grand-père était chirurgien, confronté aux problématiques des personnes amputées, et mon père chimiste. Il a fondé Cop Chimie en 1988. Son objectif : proposer des matériaux chimiques qui permettaient aux orthopédistes de réaliser des prothèses et des orthèses sur-mesure. Orthopédiste de formation, j’ai moi-même repris la société en 2010, juste après le décès de mon père », retrace David Denis. La société emploie alors 8 personnes pour un chiffre d’affaires d’environ 1 M€.
De l’intention à la révélation
À son arrivée, David Denis est frappé par la toxicité des matériaux manipulés par les salariés. « Nous fabriquions certes des produits qui avaient une utilité sociale. Cependant, l’exposition des salariés aux produits fortement inflammables et cancérigènes, exigeant des mesures de protection importantes, me perturbait. Cela venait presque en contradiction avec une vocation dans le domaine de la santé ».
Dès ses débuts, il recherche donc des solutions alternatives. Une rencontre avec un chercheur de l’Université de Montpellier, spécialisé dans la chimie durable, se révèle à cet égard déterminante. En 2012, une étude d’un an portant sur l’élaboration d’une résine epoxy sans Bisphénol A, est lancée. Elle est couronnée de succès! Le docteur qui a aidé à la réalisation du prototype est aussitôt embauché par Cop Chimie. « Nous sommes les seuls à avoir développé une gamme complète de résines composites sans Bisphénol A et biosourcées. Alors que le Bisphénol A est un perturbateur endocrinien avéré qui sera bientôt interdit au niveau européen ».
COP Chimie a une ambition internationale
Le financement de ces évolutions, véritable nerf de la guerre de cette transformation, a occupé la majeure partie de l’emploi du temps du dirigeant. « Ma première préoccupation a été d’augmenter fortement notre réseau de distributeurs à l’étranger pour développer l’export. Entre 2010 et 2017, le chiffre d’affaires a été multiplié par deux. Près de 60% de l’activité est actuellement réalisé à l’international, en Europe, en Afrique et en Asie. Mais cela ne suffisait pas. Nous avons créé un partenariat de distribution fort avec le numéro 2 mondial du matériel orthopédique. L’Islandais Össur s’intéressait de près à nos innovations sur les bio composites et les matériaux biosourcés. Ce rapprochement avec un géant international a permis de renforcer notre image sur les marchés étrangers ».
La R&D, veritable nerf de la guerre de la transformation de COP Chimie
Depuis, l’entreprise ne cesse de lancer de nouveaux défis. Que ce soit dans la recherche de substitution des mousses à base de polyuréthane, cancérigène, manipulées par les orthopédistes et podo-orthésistes et nécessitant le port d’un masque pour en éviter la toxicité. Elle travaille aussi sur l’étude des propriétés d’un bio composite, soit une résine époxy biosourcée utilisant des fibres de lin. Cette étude est présentée officiellement à OTWorld 2016, le plus grand salon et congrès mondial de l’orthopédie, à Leipzig en Allemagne… « Nous consacrons 25% de notre chiffre d’affaires à la R&D. Aussi, notre équipe d’ingénieurs et de docteurs représente désormais la moitié de l’effectif ».
Le programme Stratégie PME, révélateur
Enfin, j’ai recruté il y a trois ans un directeur, ingénieur chimiste et ancien consultant. Il maîtrise bien les dispositifs du financement (crédit d’impôt recherche, Cifre pour l’emploi de chercheurs, projets FUI des pôles de compétitivité…). C’est lui qui a découvert le programme Stratégie PME. Il nous a suggéré de le suivre ».
Le bilan de cette participation ? « Ce programme nous a permis de disposer d’une vraie boîte à outils pour piloter le développement de l’entreprise. En menant de front tous nos projets, on s’interroge! En effet, on remet en cause le bien-fondé des décisions et sur ce qu’il convient de prioriser. Nous avons pris le temps, avec la consultante, de mettre toutes nos interrogations sur la table. Les bonnes questions qu’elle nous posait nous a fortement aidé. Une fois les objectifs arrêtés, nous avons établi les plans d’action. Puis nous avons créé les tableaux de bord de suivi… Très vite, il est apparu que nous devions recruter un business developer, ce qui vient d’être réalisé ».
COP Chimie à la conquête de nouveaux marchés
Car la stratégie de COP Chimie est ambitieuse. La société projette de doubler de nouveau son chiffre d’affaires entre 2017 et 2022, en passant de 2 à 4 M€. Une croissance estimée à 20% en 2018 montre que la trajectoire est en voie de réalisation. Pour cela, de nombreuses idées sont en cours de développement.
Pour commencer, un projet de R&D avec l’INSA de Lyon, portant sur un concept d’imprimante 3D silicone pour produire des manchons sur mesure en silicone. « Certains appareillages standards, indispensables pour le confort d’une personne appareillée, reviennent à 1000 euros environ. Il faut compter le double pour un produit sur mesure. Or ces prix sont prohibitifs dans les pays du tiers-monde ! Un scanner, des fichiers de modélisation et une imprimante 3D permettraient de réduire drastiquement ces coûts. Mais personne n’a encore jamais imprimé du silicone ! », évoque David Denis. De plus, la société est membre fondateur de ChemSud, la Chaire européenne de chimie pour un développement durable. Elle est aussi membre du pôle de compétitivité Axelera. Elle réfléchit à la substitution de matières premières d’origine fossile par des ressources d’origine végétale.
Vers la diversification de marchés
Enfin, l’entreprise vise une diversification de ses marchés. Elle s’est fixée comme objectifs de conquérir les marchés du sport outdoor et de l’industrie. « Beaucoup de produits ludiques et utilisés par les amoureux de nature, comme les surfs, sont de véritables aberrations sur le plan environnemental. Ils sont fabriqués à partir de matériaux toxiques pour la santé des salariés et de ressources fossiles. Ils sont de surcroît non recyclables. Or, nous pouvons substituer à ces matériaux conventionnels des produits non dangereux, biosourcés, aux propriétés supérieures ! ». Un surf est ainsi déjà testé par un champion sur les plages d’Hossegor. Le recrutement d’une personne dédiée a permis de démarrer les contacts avec les fabricants de matériel de sport.
Mais plus largement, c’est toute l’industrie qui pourrait être intéressée par l’inventivité de COP Chimie. « Nous pouvons conduire des développements spécifiques pour des grands groupes intéressés par la suppression du Bisphénol A. Nous avons ainsi ouvert des discussions avec des entreprises industrielles de premier plan… ». De vastes perspectives s’ouvrent ainsi pour cette PME iconoclaste, qui compte déjà pas moins de six publications scientifiques à son actif !
Membres du réseau Stratégie PME, retrouvez sur l’espace témoignages des interviews vidéos des participants.